Anne-Marie Sargueil: Le design peut-il apporter une solution dans le domaine de la santé ?
Pascale Gauthier: Bonne nouvelle, les médicaments composés d’actifs pour traiter nos maladies sont désormais aidés par le packaging. Le design intégré très tôt dans le processus de développement permet de créer des produits plus adaptés aux spécificités des patients. Un seul mot d’ordre : proposer des produits de prescription ou OTC (Over The Counter : en vente libre sans ordonnance) simples à utiliser car « in fine » un médicament « mieux pris grâce à un meilleur design » sera plus efficace.
AMS: Comment le design s’adapte-t-il aux enjeux pharmaceutiques actuels ?
PG: Le design doit permettre d’adapter les besoins des patients à leur profil. Par exemple, les systèmes doseurs sont de vrais partenaires de l’offre de soin, particulièrement dans le domaine des formes liquides pédiatriques. Définitivement, le monde de la santé a compris que l’enfant n’était pas un « petit adulte » et qu’une simple transposition des formes adultes n’était pas suffisante. Des innovations d’usage incorporent seringue doseuse, cuillère-mesure, paille, pompe ou squeeze systèmes … De nombreux designers ont travaillé sur la notion d’ « enfant partenaire de son traitement » et donc « patient actif ».
Autre exemple : les formes injectables. Côté innovation, cette voie d’administration n’est pas en reste. Tout a été pensé de façon à faciliter et sécuriser la vie des patients et des soignants. La seringue injectable avec soluté à reconstituer est devenue seringue pré-remplie prête à l’emploi. Les problèmes de contamination du sang ont généré l’intégration de systèmes de sûreté qui, en quelques années, sont apparus sur le marché des injectables, innovation d’usage par excellence. Ces dispositifs, associés à l’aiguille ou à la seringue, évitent toute blessure d’aiguille souillée pour les malades ou leur infirmière.
AMS: Quelle sera selon vous l’innovation pharmaceutique majeure de ces dix prochaines années ?
PG: On va vers des thérapies ciblées, efficaces à faible dose avec moins d’effets secondaires, mais ces traitements, souvent spécifiques et très onéreux, devront impérativement être correctement suivis. D’où, l’arrivé de « smart packaging », intégrant des capteurs et permettant, en relation avec le digital et les smartphones, d’aider à l’observance et d’éduquer les malades… La technologie avance à pas de géant et propose des innovations stupéfiantes comme ces « electronics tattoos » tout à la fois capteurs de mesure biologique et demain distributeurs de principes actifs ? A nous de nous adapter et de créer, également grâce au design, des médicaments performants et utiles.