À l'occasion des D'Days 2015, René-Jacques Mayer, président des D'Days, a accordé une interview
exclusive à l'Institut Français du Design.
« Le designer a pour mission d’accompagner les grandes avancées
du monde »
Les D’Days fêtent leur 15ème anniversaire, l’occasion de s’imposer comme LE Festival de design de la capital. Du 1er au 7 juin 2015, les D’Days nous amènent à la rencontre d’acteurs du design français à travers quatre parcours composés d’expositions et d’événements consacrant le design comme vecteur de développement de notre société. Quatre parcours sillonnant la ville du Grand Paris, du Palais Royal au Grand Palais jusqu'à Pantin, avec pour objectif d’offrir une vitrine et de fédérer la création au travers du thème de l’expérience.
Avant le lancement de cette ambitieuse édition, nous avons rencontré René-Jacques Mayer, président des D’Days et ‎directeur création et production à la Manufacture de Sèvres. Il nous dévoile sa vision du design et ses ambitions pour le festival des D’Days.
René-Jacques Mayer - Président des D'Days
Quel est votre parcours ?
RJM : J'ai fait des études généralistes (Sciences Po, eco-fi), puis d’histoire de l’art, car je souhaitais devenir conservateur mais j'étais programmé pour la finance. J’ai eu deux vies professionnelles, d’une part en administration culturelle générale puisque j’ai commencé à travailler au musée du Louvre puis au Ministère de la Culture. Ma deuxième vie professionnelle a commencé à la Manufacture de Sèvres où j’ai appris ce qu’étaient la production, le design et les métiers d’arts.
Quelle est la plus belle chose que vous ayez faite ?
RJM : C’était à la Manufacture de Sèvres, en 2006. Nous avions complètement ouvert la Manufacture, pendant toute une nuit et pour la première fois, nous avons permis aux artisans de rendre compte de leurs savoir-faire. Nous avons réussi à mobiliser l’ensemble de la Manufacture autour d’ateliers et d’un dancefloor. Je suis très fier de ce que nous avons fait car cela a été un moment de très forte ouverture où nous avons montré ce qu’était une maison de création.
Quel lien faites-vous avec le milieu du design et la production en série ?
RJM : Quand on est dans une manufacture on a une approche de design d’auteur, plus sensible et personnelle. Pour moi ce ne sont pas deux métiers différents, ce sont deux facettes du métier de designer. En France, il est vrai qu’on les sépare. C’est certainement lié à notre histoire des Arts Décoratifs et manufacturière où l’on a privilégié la chose bien faite. Les Anglo-Saxons ont rapidement perçu le design comme un levier stratégique de développement de leur activité. En France, nous avons un héritage très fort des arts décoratifs qui donne une coloration aux designers quelle que soit l’école d’où ils sortent. C’est également dû au fait que nous sommes une terre d'ingénieurs avant d'être une terre d'artisans et de designers.
Le 15e anniversaire des D’Days met à l’honneur l‘expérience. Quel lien faites-vous entre cette thématique et le design ?
RJM : L’expérience, nous pouvons la lire de trois manières. Premièrement comme acquis de l’expérience, qui est une forme très littérale, la deuxième, c’est l’expérience comme "de recherche". Le troisième sens de l’expérience c’est l’un des intérêts du design au XXIème siècle, c’est-à -dire l’expérience utilisateur. Le choix de cette thématique permet aux visiteurs de vivre une expérience, soit de manière participative, soit parce qu’ils l’auront vécue au sens d’une immersion par les sensations qu’ils auront perçues à travers les propositions du festival. Cette dimension d’expérience c’est la mise en valeur de l’usager que nous avons envie de privilégier, comme une piste vers l’avenir. Car l’usager sera au cœur des préoccupations du design de demain. Pour moi, le design est là pour accompagner et anticiper des réformes sociétales majeures sur la question de notre mobilité, de notre habitat, de notre façon de travailler en communauté, par rapport aux objets connectés, etc... Le designer a pour rôle d’accompagner les grandes avancées du monde.
Quelle va être la spécificité de cette 15e édition ?
RJM : Trois choses à retenir de cette édition. Premièrement, les D’Days s’installent aux Arts Décoratifs. C’est la première fois que nous serons là -bas, cela me paraissait indispensable. Il y aura une quinzaine de propositions dispatchées dans tout le bâtiment. Le deuxième temps fort c’est le forum en co-production avec Artevia, qui se déroule au Carreau du Temple et qui est une prise de parole beaucoup plus prospective, des usages de demain. Durant quatre jours, huit modules seront présentés au public dont deux jours seront consacrés à des débats réservés aux professionnels à l’auditorium du Carreau du Temple. Et puis, troisième chose et non pas des moindres, cette année 15 écoles participent à la manifestation à la fois comme producteur de contenu (organisation de workshops), et comme médiateur. C’était important pour nous de mobiliser les écoles afin qu’elle soit des acteurs mais également des visiteurs du festival.
Retrouvez deux jours de masterclass, de sessions de réflexions et de débats prospectifs, les 4 & 5 juin 2015 à l'Auditorium du Carreau du Temple : http://www.think-life.com/thinklife-international-design-forum/
Et ne manquez pas la conférence de Jeremy Rifkin mercredi, à 15h50.